La servante maîtresse, libretto, Parigi, Bureau de la Petite Bibliothèque des Théâtres, 1784
LA SERVANTE MAÎTRESSE | |
La servante maîtresse, comédie en deux actes, mêlée d’ariettes, parodiées de La serva padrona, intermède italien, par Baurans ; dédiée à mademoiselle Favart. | |
A Paris, au Bureau de la Petite Bibliothèque des Théâtres, rue des Moulins, butte Saint Roch, n. 11. | |
MDCCLXXXIV | |
A MADEMOISELLE FAVART | |
Nature, un jour, épousa l’art, | |
de leurs amours naquit Favart, | |
qui semble tenir de sa mère | |
tout ce qu’elle doit à son père. | |
SUJET DE LA SERVANTE MAÎTRESSE | |
Pandolfe a pris pour servante une jeune et jolie fille, nommée Zerbine ; mais sa beauté lui donne des prétentions à devenir l’épouse de son maître, et il ne peut plus s’en faire servir. Pandolfe l’appelle, pour avoir du chocolat qu’il lui a demandé : elle répond qu’elle n’a pas eu le tems de le faire. Pandolfe est fort mécontent ; il veut sortir : Zerbine s’y oppose, et il faut qu’il se soumette. Cependant, il dit qu’il va bientôt se marier, et qu’alors, ayant une maîtresse, Zerbine sera obligée de suivre ses volontés. Zerbine déclare qu’elle va se marier aussi ; elle transforme Scapin, valet de Pandolfe, en un cavalier, et le fait passer pour son époux futur. Scapin, sous son déguisement, fait tant d’extravagances devant Pandolfe ; il lui paroît si bourru, qu’il ne peut consentir à le voir posséder Zerbine. Pandolfe l’aime véritablement ; et, voulant, enfin, la soustraire au prétendu malheur qui la menace, il se détermine à l’épouser lui-même. Scapin se fait reconnoître, et son maître lui pardonne une ruse qui fait son bonheur et celui de Zerbine. | |
JUGEMENS ET ANECDOTES SUR LA SERVANTE MAÎTRESSE | |
Cette pièce est une traduction de la Serva padrona, du célèbre Pergolèze. Baurans a conservé la musique de ce sublime compositeur, auquel l’Italie a donné le titre de divin, et qui a été confirmé par toutes les nations. L’introduction de la musique italienne, par les Bouffons, avoit alarmé les partisans exclusifs de la musique françoise ; et ils avoient eu assez d’influence pour empêcher que l’on ne goûtât la Serva padrona, qui fut représentée, en italien, à la Comédie Italienne, en 1746, et à l’Opéra, en 1752. Dès que Baurans en eut traduit les paroles, son succès ne fut plus douteux. Elle attira tout Paris, et eut cent-cinquante représentations de suite. Cette savante musique, que l’on ne sauroit trop admirer, réunit, enfin, tous les suffrages. Mademoiselle Favart porta le rôle de Zerbine au plus haut degré de perfection que l’on puisse désirer dans ce genre, et Rochard plut généralement dans celui de Pandolfe. Son chant qui, jusques-là, avoit souvent mérité le reproche d’affectation, fut trouvé plus naturel : on jugea que c’étoit à l’exécution de la musique italienne, qu’il étoit redevable de ce perfectionnement de son talent. | |
On peut regarder le succès de la Servante maîtresse, comme l’une des premières époques du changement qui s’est fait dans notre musique, et dont le public impartial, et qui sait bien entendre les intérêts de ses plaisirs, ressent, aujourd’hui, tous les avantages. | |
La servante maîtresse, comédie en deux actes, mêlée d’ariettes, parodiées de La serva padrona, intermède italien, par Baurans. Représentée le 14 août 1754. | |
PERSONNAGES | |
PANDOLFE vieillard | |
ZERBINE sa servante | |
SCAPIN son valet, personnage muet | |
La scène est dans la maison de Pandolfe | |